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Pages des CD et Gian Faldoni :
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Compositeurs:
Adams, H. Leslie
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Brouwer, Leo
Burleigh, Henry Thacker
Coleridge-Taylor, Samuel
Cunningham, Arthur
Dawson, William Levi
Dédé, Edmund
Dett, R. Nathaniel
Elie, Justin
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Hailstork, Adolphus C.
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Khumalo, J.S. Mzilikazi
Lambert, Sr., Charles Lucièn
Lambert, Jr. Lucièn-Léon G.
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Leon, Tania
Moerane, Michael Mosoeu
Perkinson, Coleridge-Taylor
Pradel, Alain Pierre
Price, Florence Beatrice
Racine, Julio
Roldan, Amadeo
Saint-Georges, Le Chevalier de
Sancho, Ignatius
Smith, Hale
Smith, Irene Britton
Sowande, Fela
Still, William Grant
Walker, George Theophilus
White, José Silvestre
Williams, Julius P.

 

Daniel Marciano, Traducteur

Livre d'or

William J. Zick, Webmestre,
wzick@ameritech.net

 

On peut se procurer les CD's de cette page en consultant les sites Web
suivants :

Amazon.fr www.amazon.fr

Arkiv Music www.arkivmusic.com 

FNAC.com www.fnac.com

PriceMinister.com www.priceminister.com/musique-cd

 

 

 

 

 

 

 


« Un contemporain atypique de Mozart :
Le Chevalier de Saint-George »
Michelle Garnier-Panafieu
YP Éditions (2011)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« L'assaut d'armes qui eut lieu entre mademoiselle d'Eon de Beaumont et monsieur de Saint-Georges le 9 avril 1787 à Carlton House en présence de la Noblesse et de nombreux maîtres d'armes éminents de Londres. »  « Collection Royale © 2010, Son Altesse Royale Elizabeth II »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Quatuors à cordes opus 14 ; Troisième livre de quatuors »
Apollon Quartet
Avenira 276011 (2005)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Rue du Chevalier Saint-George
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Integrale des Symphonies Concertantes En 2 CDs »
Miroslav Vilimec et Jiri Zilak, violons
Pilsen Philharmonic Orchestra
Direction : Jiri Malat
Jiri Zilak et Michal Pospisil, violons
Pilsen Philhamonic Orchestra
Direction : Frantisek Preisler, Jr.
Avenira 276017  (2008)

 

 

Accueil-> Compositeurs -> Saint-Georges, Le chevalier de

English

 
Le chevalier de Saint-Georges (1745-1799)

Compositeur afro-français,
Violoniste, chef d'orchestre
Virtuose du fleuret, Chef de brigade
 

Concertos pour violon, Op. 5, Nos. 1 &
2; Op. 3, No. 1; Op. 8, No. 9
Jean-Jacques Kantorow, violon
Orchestre de Chambre Bernard Thomas
Arion 68093 (1990)
 


Nous vous présentons une nouvelle version de notre biographie du chevalier de Saint-Georges.

Les pages qui mentionnent les CD et l'article sur Gian Faldoni, rival de Saint-Georges au fleuret, ont des liens en haut de la page.

  

Si vous souhaitez lire d'autres développements sur le chevalier de Saint-Georges, écrits pas Daniel Marciano, vous pouvez visiter son site: www.chevalier-de-saint-georges.fr

 

 


Table des Matières

  1 La Redécouverte
  2 Les CD
  3 Les Biographies
  4 Annales Historiques
  5 La Naissance
  6 La fuite
  7 L'enfance
  8 L'académie d'escrime
  9 Ecuyer
10 Le recensement des Noirs en France
11 Les Parisiens Noirs
12 Le Testament du père
13 L'escrimeur
14 L'athlète
15 Picard et Faldoni
16 Le Concert des Amateurs
17 Violoniste et Compositeur
18 La Direction d'orchestre
19 L'Opéra de Paris
20 Intrigue
21 « Le Don Juan Noir »
22 Le Théâtre Musical
23 L'Apogée de sa carrière
24 La Reine Marie-Antoniette
25 Embuscade nocturne
26 Un inspecteur de police
27 « Erreur sur la personnel »
28 Le Concert de « La Loge Olympique »
29 Concert pour clarinette
30 La Chevalière d'Éon
31 L'influence de Voltaire
32 « Les Symphonies Parisiennes »
33 Les Amis des Noirs
34 La Révolution Française
35 La Légion Saint-George
36 Le 13e Régiment de Chasseurs
37 La Trahison de Dumouriez
38 Prisonnier
39 Saint-Domingue
40 Le Cercle de l'Harmonie
41 Anne Nanon retrouvée!
42 La mort du Chevalier
43 L'exhumation
44 Les annonces nécrologiques
45 L'Esclavage
46 Le Verdict de l'histoire
47 Rue du Chevalier Saint George
48 Documentaire : « Le Mozart Noir »
49 L'Association des Amis de Joseph Bologne, chevalier de Saint-Georges
50 Les Partitions
51 Bibliographie
52 « Un contemporain atypique de Mozart »

 

« Un contemporain atypique de Mozart : Le Chevalier de Saint-George » ; Michelle Garnier-Panafieu; YP Éditions (2011).  Table des Matières, No 51.


Échantillons audio
:
1 «
Chevalier de Saint-Georges: String
    Quartets » ; Coleridge String Quartet ; AFKA
    SK-557 (2003) Quatuor à cordes, N° 3
    (Période 5:03)
2
Cedille 90000 035 (1997) ; « Violin Concertos
   By Black Composers of the 18th & 19th
   Centuries »
; Rachel Barton, violon ; Encore
   Chamber Orchestra ; Daniel Hege, Conductor
   Concerto pour violon, Op. 5, N° 2 en la majeur

Pour les échantillons additionnels, voyez la page Audio ou les pages sur les Concertos pour violon, les Symphonies et les Quatuors à cordes.

« Créole dans le Siècle des Lumières »

1 La Redécouverte             
     Après deux siècles d'oubli, nous assistons à une « renaissance » de Joseph de Bologne, appelé aussi  Le chevalier de Saint-Georges, l'un des plus remarquables personnages du XVIIIe siècle.  Il est difficile de penser que ce fils d'esclave d'ascendance africaine par sa mère, ait pu gravir tous les échelons de la société française grâce à sa maîtrise du violon et de l'escrime !  Le portrait ci-dessus où il apparaît habillé avant un concert, tenant un fleuret à la place d’un bâton de chef d'orchestre, illustre sa double carrière.  Ce tableau a été peint en 1787 par un artiste américain du nom de Mather Brown.

2 Les CD
     Les liens en haut à gauche mènent à des sélections de CD, des extraits de livrets d’albums et d’échantillons audio dans quatre catégories : des Concertos pour violon, des Symphonies, des quatuors à cordes et des Sonates pour clavecin.

Les concertos pour violon comprennent Monsieur de Saint-George : Quatre Concertos pour violon, Calliope 9373 (2007) par Les Archets de Paris.
 
Parmi les Symphonies nous avons la bande son du DVD Le Mozart Noir.

Les CD des quatuors à cordes d’Antares, Apollon, Coleridge et Jean-Noël Molard sont mentionnés.
 
Le récent CD d’Anne Robert Les Dix Sonates pour clavecin a été choisi parmi les enregistrements de cet instrument.   

3 Les Biographies
     Cet essai se réfère à quatre livres biographiques sur Saint-Georges :
 
(1) Joseph Boulogne, nommé Chevalier de Saint-Georges (1996) par Emil F. Smidak, versions anglaise et française.

(2) The Chevalier de Saint-George: Virtuoso of the Sword and the Bow (2006) par Gabriel Banat.

(3) Le chevalier de Saint-George (2004) by Claude Ribbe en français.

(4) Joseph de Saint-George, le Chevalier Noir (2006) par Pierre Bardin.


4 Annales historiques
     Le professeur Luc Nemeth a fait une communication dans les  Annales historiques de la Révolution francaise – n° 339, janvier 2005, pp. 79-97 :  Un État-Civil Chargé D'Enjeux : Saint-George, 1745-1799 – qui précise la date de naissance du Chevalier et sa filiation. Saint-Georges est né le 25 décembre 1745 et son père est Georges de Bologne Saint-Georges, propriétaire d’une plantation au Bailiff.

Luc Nemeth mentionne qu’Odet Denys dans son livre Qui était le chevalier de Saint-George – Paris : Le Pavillon, 1972 – est le premier à avoir avancé cette filiation, sans toutefois que son affirmation soit corroborée par des preuves.

Luc Nemeth précise que « le caractère lacunaire des archives anciennes de la commune du Baillif (Guadeloupe) et la naissance illégitime de Saint-George, enfant naturel d'une esclave, expliquent en partie le flou qui a pu entourer l'état-civil de   
celui-ci : trois dates de naissance différentes ont pu lui être attribuées, non sans quelque bien-fondé pour chacune
. » 

5 Naissance
     Le père de Joseph de Bologne s'appelle donc Georges de Bologne de Saint-Georges, riche planteur et membre d'une famille qui vit aux Antilles, dans la colonie française de la Guadeloupe, depuis 1645.

Le 8 septembre 1739, Georges de Bologne épouse Elizabeth Merican et en janvier 1740 fait  l'acquisition d'une plantation de 50 hectares avec 60 esclaves. 
Anne, appelé  aussi Nanon, l’une des jeunes esclaves de la plantation, née sur l'île, âgée de 17 ans, et Georges ont un fils qui vient au monde en 1745 et par un heureux présage le 25 décembre. 
Selon les lois en vigueur de l'époque, même reconnu par son père - nobliau français qui sera plus tard titulaire d’une charge de gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi - cet enfant dont la mère est une esclave africaine ne pouvait, au départ, espérer appartenir au corps de la noblesse.

6 La fuite                               
   Le 17 décembre 1747, Georges de Bologne qui passe la soirée sur la propriété de son oncle Samuel, en vient à se battre en duel avec Le Vanier de Saint-Robert, l’époux d’une cousine, au cours d’une soirée où les convives ont fait ample consommation de « ponche ». Le Vanier est blessé et meurt quelques jours plus tard.

Georges de Bologne juge préférable de quitter la Guadeloupe en secret afin de se soustraire à des poursuites judiciaires pour homicide. Le 31 mars 1748, il est condamné à mort par contumace pour assassinat et à la confiscation de ses biens.
Chose surprenante, pour empêcher que Nanon et Joseph, ne soient vendus, Elizabeth, son épouse, quitte l'île avec Nanon, son fils et un esclave nommé François en déclarant, titres à l'appui, que ce sont ses serviteurs.  Joseph célèbre son troisième anniversaire en mer et arrive en France le 4 janvier 1749.
Le clan familial des Bologne va user de son influence auprès de la Cour pour que George obtienne la grâce du Roi Louis XV.
 
Joseph et ses parents peuvent alors retourner aux Antilles le 2 septembre 1749.  Le manifeste du navire mentionne que Georges est âgé de 38 ans, Nanon de 26 et Joseph de 3 ans.

7 L'enfance                                   
    
Joseph est un enfant privilégié sur la plantation.  Il a le temps de jouer et son père lui enseigne la musique et l'escrime.  Quand il a huit ans, Joseph voyage vers Bordeaux avec Elizabeth pour aller à l'école et arrive en France le 12 août 1753.  Nanon et Georges débarquent à Bordeaux le 19 septembre 1755 et retrouvent Joseph à Paris qui va vivre avec eux dans le quartier huppé de Saint-Germain. 

8 L'académie d'escrime               
    
La vie de Joseph change radicalement l'année suivante.  En octobre 1756, il est admis à l'académie d'escrime de Nicolas Texier de La Böessière, qui accueille quelques jeunes aristocrates comme pensionnaires. Dans cette académie, au cours de la matinée, les élèves suivent des cours de mathématiques, d'histoire, de langues étrangères, de musique, de dessin et de danse. 
On consacre l'après-midi a l'escrime, discipline importante entre toutes.  L'entraînement d'équitation a lieu aux Tuileries sous la direction d'un maître écuyer. 
Dans l’avant-propos d’un traité d'armes, publié en 1818, La Böessière fils, prénommé Antoine, consacre quelques pages à son ami Joseph et écrit que Saint-Georges est « l'homme le plus prodigieux qu'on ait vu dans les armes ».

9 Ecuyer                          
    
Pierre Bardin nous apprend que le 10 mai 1763, Georges achète pour son fils « l’Office d’Ecuyer, Conseiller du Roy, contrôleur ordinaire des guerres » et le 8 juin en la Grande Chancellerie de France, les magistrats donnent officiellement leur agrément à cette vente.
Cette charge lui permet de prendre le titre d’écuyer. Joseph est alors âgé de dix-sept ans et quatre mois alors que l’âge légal pour exercer cet office est de 25 ans.
Une dispense lui a donc été octroyée. Pierre Bardin présume que son père a fait jouer à plein l’article 59 du Code Noir selon lequel « les affranchis ont les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres ».
Saint-Georges occupera cette charge durant onze années. Cela peut expliquer pourquoi, lorsque l’on décrétera que la Patrie est en danger, au cours de la Révolution, le Ministère de la Guerre confiera à Saint-Georges le commandement d’un régiment de cavalerie légère.
Luc Nemeth est le premier à mentionner - c'est là une précision biographique inédite - que le chevalier de Saint-Georges sera inscrit sur les registres des gendarmes de la garde du Roi le 15 juin 1764 et non en 1761 comme on le pensait précédemment.

10 Le recensement des Noirs en France
     Le nombre croissant d'hommes de couleur en France incite le gouvernement à limiter et canaliser l'immigration.  Le « Code  Noir » qui régit les rapports entre maîtres et esclaves est en vigueur depuis le XVIIe siècle.  Le 5 avril 1762, le roi Louis XV décrète que les nègres et gens de couleur doivent se présenter au greffe de l'Amirauté dans un délai de deux mois.  Nanon s'y présente et La Böessière se charge de l'inscription de Joseph, son protégé, pour lui éviter le désagrément de comparaître devant les responsables de l'Amirauté.
Sur cet acte de recensement en date du 10 mai 1762, retrouvé par Gabriel Banat, Anne Nanon a déclaré être âgée de 34 ans. En outre, nous apprenons que 159 personnes ont ainsi été recensées.

11 Les Parisiens Noirs   
     Pierre Bardin explique dans sa biographie de quelle façon Saint-Georges et d’autres Noirs parviennent à surmonter l’obstacle du racisme et à s’insérer dans la classe moyenne. Il souligne que sans nul doute Saint-Georges était un être supérieurement doué et talentueux mais que ses dons innés ne lui auraient pas permis de réussir dans toutes ses entreprises sans un travail constant. C’est à ce seul prix qu’il atteindra l’excellence, suscitera l’admiration et parviendra à surmonter les préjugés raciaux qui le plaçaient dédaigneusement dans la catégorie des mulâtres.
 
Pierre Bardin cite plusieurs cas de Parisiens d’ascendance africaine insérés dans la société parisienne ou provinciale. Il mentionne notamment un certain André Lucidor, un esclave de l’île de la Martinique, affranchi en 1750, qui venu en France, devient maître d’armes, ouvre une salle à Ménilmontant, épouse une femme blanche avec qui il a des enfants. Bien que les mariages interraciaux soient officiellement interdits, P. Bardin souligne que dans les faits, force n’est pas donnée à la loi.

12 Le testament du père
     Pierre Bardin a retrouvé la copie du testament rédigé par Georges de Bologne de Saint-Georges en date du 9 décembre 1765, enregistré chez un notaire par lequel il déclare : « Je donne et lègue à demoiselle Anne Nanon, négresse libre, attachée à mon service depuis trente années une somme de trois mil livres. Puis je donne et lègue à Monsieur de Saint-George, Ecuyer, conseiller du Roy, Controlleur des guerres, une somme de cinquante mil livres… »
Ce testament prouve l’affection et la considération de Georges de Bologne pour son fils et Nanon, la mère de son enfant.

13 L'escrimeur
     Joseph étudie à l'académie de La Boëssière pendant six années jusqu'à l'âge de 19 ans.  Tout le monde l'appelle alors le chevalier de Saint-Georges.  Voici ce que dit Claude Ribbe sur ce personnage d'exception :

     « Que son titre soit porté à bon droit ou non, ce chevalier passe en tout cas pour inimitable.  Dans tout ce qu'il fait, il excelle et sa réputation naissante l'entraîne malgré lui à enchaîner les exploits.  À dix-sept ans, Joseph est non seulement un sportif accompli mais, déjà, un homme public.  Connu et reconnu, il pratique avec une supériorité déconcertante toutes les disciplines artistiques et sportives auxquelles les jeunes aristocrates négligent de s'adonner autant qu'ils le devraient…

     « Le corps de Joseph étonne ?  Il surprendra davantage quand l'Américain montrera de quelle façon il sait s'en servir. Avec un sens consommé de la provocation, le jeune homme fait de ce corps problématique - que les lecteurs de Voltaire considèrent peut-être comme un produit dégénéré - l'instrument même de sa gloire.  Il se transforme en un objet admirable auquel, pourtant, il refuse de se réduire.   Car ce n'est pas le corps de Joseph qui commande, c'est Joseph lui-même.  Sa propre chair, il la subjugue aussi facilement qu'il sait dompter les chevaux les plus ombrageux. »
     Et C. Ribbe ajoute : L'épée étant réservée à la noblesse, l'apprentissage des armes, sérieusement réglementé pour écarter les élèves et les maîtres indésirables, est le fait d'une élite.  Figurer parmi cette aristocratie, et à la première place encore, n'est donc pas rien.  Par sa précellence à l'escrime, Saint-George acquiert une position d'invulnérabilité à la fois physique et
sociale.
»
Le maître Henry Angelo, maître d’armes qui tient une salle d’armes à Londres, le surnommera plus tard « Le Dieu des Armes ».

14 L'athlète          
     « On le voyait souvent traverser la Seine en nageant d'un seul bras, et au patinage, son adresse surpassait celle de tous les autres.  En tirant au pistolet, il était rare qu'il manquât son but. », écrit Emil F. Smidak, auteur d'une biographie intitulée «Joseph Boulogne nommé Chevalier de Saint-Georges ».
En outre, Saint-Georges est aussi un habile danseur et il est remarquable à la course.

15 Picard et Faldoni
     Quand Saint-Georges a 19 ans, son père promet de lui offrir un cheval et un cabriolet s'il parvient à battre maître Picard, un excellent maître d'armes de Rouen qui a mis en doute l’adresse de Saint-Georges au fleuret.  Saint-Georges l'emporte et bientôt on le voit conduire son attelage avec adresse dans les rues de Paris.
L'année suivante, Gian Faldoni, un talentueux escrimeur italien vient à Paris pour défier Saint-Georges.  Celui-ci refuse d'abord mais Faldoni ayant pris le meilleur sur tous les escrimeurs de Paris qu'on lui a opposés, Saint-Georges accepte de croiser le fer avec lui.  Ce spectacle public attire des aristocrates et de nombreux maîtres d'armes.  Les deux tireurs sont de force sensiblement égale et l'assaut d'armes est superbe.
Henry Angelo écrira plus tard que ce fut l'Italien qui l'emporta mais le maître français Posselier, avec une égale dose de chauvinisme avance que Faldoni fut « bel et bien battu ».  (Voir commentaire de l'assaut Faldoni-Saint-Georges dans ce site) : Escrime 

16 « Le Concert des Amateurs »      
     Saint-Georges maîtrise le violon et le clavecin.  Parmi les compositeurs reconnus qui lui dédient leurs compositions, on peut noter Antonio Lolli en 1764 et François-Joseph Gossec en 1766.  On pense qu'il a suivi les enseignements de Jean-Marie Leclair, autre compositeur important de l'époque et qu'il a étudié la composition avec Gossec.  Saint-Georges prend part à la création du « Concert des Amateurs » en 1769.  Gabriel Banat mentionne qu’il en devient le premier violon en 1771. C’est Gossec qui a créé l’orchestre et le dirige. 
Claude Ribbe donne la composition de cet orchestre :
« L'ensemble, où se côtoient amateurs et professionnels de l'Académie Royale de Musique et de la Musique du Roi, comprend plus de soixante-dix pupitres dont quarante violons et tailles, douze violoncelles et huit contrebasses, auxquels viennent s'ajouter les vents : flûtes, hautbois, clarinettes, trompettes, cors et bassons. »

17 Violoniste et Compositeur
Saint-Georges a composé une sonate pour flûte et harpe.  Lui et Gossec sont parmi les premiers compositeurs français de quatuors à cordes, de symphonies concertantes et de quatuors concertants.  Ses premiers quatuors à cordes sont joués dans les salons parisiens en 1772. « Pendant la saison de concerts 1772-1773, Joseph dirige et joue deux premiers concertos pour violons aux Amateurs », précise C. Ribbe et le journal Le Mercure rapporte qu'ils « ont reçu les plus grands applaudissements tant pour le mérite de l'exécution que pour celui de la composition. » 

Dans le livret du disque Arion 55445 (1999), le violoniste Joël Marie Fauquet écrit :

« Saint-George a tôt acquis une maîtrise de la technique et de la sonorité, de telle sorte que son talent moelleux sur le violon lui faisait quelquefois donner la préférence sur les plus habiles artistes de son temps...»

18 Direction d'orchestre             
     Saint-Georges prend la direction du Concert des Amateurs en 1773, réussissant à mener de front une carrière de chef d'orchestre et de compositeur.  De 1773 à 1775, il compose huit concertos pour violon et deux symphonies concertantes.
En 1775, deux années après ses débuts de chef d'orchestre, « L'Almanach Musical » qualifie cet ensemble de « meilleur orchestre symphonique de Paris, voire d'Europe ».

19 L'Opéra de Paris
     Lorsque l’on songe à confier la gestion de L’Académie Royale de Musique à des investisseurs privés, Saint-Georges accepte de se porter à la tête d’un groupe de notables parmi lesquels se trouvaient le fermier général, le Baron Rigoley d’Ogny et le financier Jacques Necker.
Saint-Georges qui avait fait du « Concert des Amateurs » le meilleur orchestre d’Europe, apparaît alors comme le candidat le plus valeureux pour être porté à la tête de cette prestigieuse institution.
Le baron Von Grimm dans sa « Correspondance littéraire et philosophique », rapporte que dès que Sophie Arnould et Rosalie Levasseur, deux chanteuses, et Marie-Madeleine Guimard, première danseuse de l’Opéra, eurent été informées de la candidature de Saint-Georges à la direction de l’Opéra, elles présentèrent un « placet » (une pétition) à la Reine pour lui faire savoir que  « Leur honneur et la délicatesse de leur conscience ne leur permettraient jamais d’être soumises aux ordres d’un mulâtre… » Et Grimm ajoute non sans ironie : « Une si importante considération a fait toute l’impression qu’elle devait faire. »
Puisque l’on récusait Saint-Georges, à ses yeux le candidat le plus compétent, Louis XVI, mis au fait de cette cabale, lui rendit hommage en ne nommant personne. Il prit la décision de faire administrer L’Académie Royale de Musique par Papillon de la Ferté, l’un des intendants et trésoriers de ses Menus Plaisirs. Or, il se trouvait que ce nouveau responsable de l’Opéra n’était rien d’autre que « l’amant de cœur » de Madeleine Guimard.

20 Intrigue
    Gabriel Banat s’est demandé si les préjugés raciaux furent la cause majeure du rejet de Saint-Georges à la direction de l’Académie Royale de Musique. Le placet en question mit certes un terme aux aspirations de Saint-Georges d’obtenir le plus prestigieux poste de France dans le domaine de la musique. Ce fut probablement pour lui la plus sérieuse déconvenue de sa carrière.
Saint-Georges se proposait de réorganiser l’Opéra et les réformes qu’il n’aurait pas manqué d’apporter firent craindre à ces dames d’être congédiées et remplacées par d’autres artistes en renom.
En vérité, chaque membre de cette cabale allait tirer profit de cette intrigue. Les cantatrices furent assurées que le statut quo serait maintenu. De plus, La Guimard, par l’intermédiaire de son amant, aurait virtuellement les pleins pouvoirs à l’Opéra.

21 « Le Don Juan Noir »
    
On a beaucoup parlé du pouvoir de séduction de Saint-Georges qualifié souvent de « Don Juan Noir ».  Le professeur Ribbe voit dans cette appellation de Bachaumont une marque de jalousie.

« En attribuant le pouvoir de séduction du Chevalier ni à sa beauté ni à ses qualités mais à son « talent  merveilleux », autrement dit è ses performances sexuelles, Bachaumont, un mémorialiste de l’époque, brode sur un fantasme raciste récurrent qui attribue aux Africains et à leurs descendants une anatomie à la mesure de leur tempérament, c'est-à-dire de leur sexualité supposée bestiale. »
Saint-Georges a certainement eu au moins une relation amoureuse sérieuse, mais le climat raciste qui règne alors en France lui interdit tout mariage à son niveau social.

22 Le Théâtre musical
     Bien qu'il ait été récusé comme directeur de l'Opéra de Paris, Saint-Georges va un peu plus tard être appelé à diriger le théâtre privé de la marquise de Montesson.  Chaque semaine, il donnera deux ou trois représentations.  En outre, sur les instances de la Marquise, épouse de Louis-Philippe, duc d'Orléans, il est nommé lieutenant des chasses du domaine du Raincy situé dans la forêt de Bondy où le Duc possède un château, bâti au XVIIe siècle par l'architecte Le Vau.  
Pour Ernestine, sa première comédie musicale en trois actes, Saint-Georges n'a écrit que la musique.  Cet opéra fut présenté à la Comédie Italienne le 19 juillet 1777. Si la musique fut dans l’ensemble appréciée par les critiques, en revanche le livret reçut un mauvais accueil.

23 L'apogée de sa carrière
   
Claude Ribbe estime que vers 1778, on peut considérer que Saint-Georges est à l'apogée de sa carrière.  Il a publié deux symphonies concertantes en 1776 et deux autres en 1778.  En 1777, il compose trois concertos pour violon et six quatuors à cordes.
On a parfois surnommé Saint-Georges « Le Mozart Noir », appellation que récuse Dominique-René de Lerma, spécialiste des œuvres de Joseph Bologne et professeur au département de musique de Lawrence University, dans le Wisconsin.
Pourquoi ne pas faire totale abstraction de ces considérations de couleur de peau, dit-il ?  Si l'on ne peut s'affranchir de tels préjugés, puisque Saint-Georgess a influencé l'écriture musicale de Mozart, que n'a-t-on appelé Mozart dès lors « Le Saint-Georges Blanc ».
En fait, Saint-Georges a toujours été une personnalité hors du commun dans le monde de la musique classique.  C'est un musicien et compositeur talentueux mais c'est aussi l'un des meilleurs escrimeurs d'Europe et un colonel héroïque de la Révolution Française.
Le 12 octobre 1778, Saint-Georges fait jouer pour la première fois « La Chasse », sa deuxième comédie musicale.  Le public lui réserve un accueil enthousiaste et il est unanimement encensé par la presse.

24 La Reine Marie-Antoinette
    Gabriel Banat souligne que Marie-Antoinette avait reçu une excellente éducation musicale à Vienne à la cour de Schönbrunn. Là, avec ses frères et ses sœurs, Marie-Antoinette suivait journellement un enseignement de chant et de harpe. Le compositeur Christoph Willibald Gluck lui donnait des cours de pianoforte. Elle avait une fort belle voix et pouvait déchiffrer une partition instantanément. Elle avait acquis une excellente oreille et éprouvait un réel enthousiasme pour la musique. En conséquence, elle était devenue la première hôtesse royale à Versailles depuis Marie de Médicis à non seulement apprécier la musique mais également à en être une bonne interprète.

Début 1779, Saint-Georges joue de la musique avec la Reine Marie-Antoinette à Versailles à sa demande et certains courtisans n'apprécient pas qu'il soit l'un des proches de la souveraine. 

25 Embuscade nocturne
     Dans la nuit du 22 avril 1779, à minuit et demi, Saint-Georges est victime d’une agression qui a fait l’objet de plusieurs récits divergents.
Pierre Bardin apporte une version très officielle de cet épisode dans la mesure où il fait état du rapport de Louis Michel Roch Delaporte, commissaire du Roi au Châtelet, qui enregistre la plainte de « Joseph Boulogne Saint-George, Ecuyer, Capitaine des chasses de son altesse Monseigneur duc d’Orléans, ayant sa demeure à la Chaussée d’Antin… »
Alors qu’il est sur le boulevard du Temple en compagnie du baron de Gillier, comte de Saint-Julien, Saint-Georges déclare avoir été attaqué par « huit ou dix individus obéissant aux ordres du Sieur Des Brugnières… »
L’un des agresseurs s’en prend à Saint-Georges et lui porte un violent coup de bâton sur le bras gauche. Saint-Georges sort alors son épée de son fourreau, « fait sauter le bâton de l’agresseur et le prend au collet. Une bagarre générale s’ensuit ».
A ce moment, raconte P. Bardin, Saint-Georges reçoit l’aide d’un ami, Louis de Lespinasse Langeac, officier de cavalerie et gouverneur de Carcassonne qui habite non loin du lieu de l’agression.

26 Un Inspecteur de Police
     En même temps apparaît un homme en uniforme d’exempt de maréchaussée de la gendarmerie de France. Saint-Georges, respectueux de l’ordre, lui remet son épée. Des Brugnières le tient alors en respect en lui pointant un pistolet sur la gorge et demande à ses gens de lui lier les mains. Tout cela semble providentiel, voire insolite.
Selon P. Bardin, « à l’évidence, il s’agit d’un coup monté. « Tous ces gens ont agi et ne se trouvaient pas sur le boulevard du Temple par coïncidence ».
Saint-Georges exprimera des protestations mais Des Brugnières parviendra à se justifier avec l’aide de l’inspecteur de police en proclamant qu’il n’avait pas pointé son pistolet sur le cou de Saint-Georges mais qu’il avait simplement sorti son arme après avoir été menacé par le plaignant, armé d’une épée.
Bref, cet incident d’une extrême confusion fut classé sans suite.

27 « Erreur sur la personne ! »
    
P. Bardin pense tenir l’explication de ce guet-apens nocturne. Le commanditaire de cette agression serait un acteur célèbre, nommé Gourgaud dit Dugazon, l’époux de Louise Rosalie Lefebvre, cantatrice talentueuse, connue sous le nom de « La Dugazon », qui avait fait ses débuts à Paris dans « Ernestine », opéra de Saint-Georges.
Gourgaud, convaincu que son épouse était la maîtresse de Saint-Georges aurait voulu venger son honneur sans oser affronter son rival en un duel loyal et pour cause.
P. Bardin précise qu’il y eut en l’occurrence « erreur sur la personne » car selon toute probabilité, c’est Lespinasse Langeac qui était l’heureux rival de Gourgaud et non Saint-Georges comme la rumeur l’affirmait.
Qui plus est, Lespinasse Langeac serait le père d’Alexandre Louis Gustave, auquel La Dugazon donna naissance et qui fut baptisé en décembre 1780. Preuve ou forte probabilité en est que Lespinasse Langeac prendra soin de constituer une rente viagère annuelle à la dame Dugazon et son fils.
Après cette agression, Saint-Georges choisit de faire jouer L’Amant Anonyme sur la scène du théâtre privé de Mme de Montesson en mars 1780. Peu après il publia deux nouvelles symphonies.

28 La Révolution Française
    
Saint-Georges vit à Lille quand éclate la Révolution en juillet 1789.  Il s'engage dans la Garde Civile un peu plus tard de cette même année.  Il obtient le grade de capitaine en 1790.  Le fait d'être militaire, en garnison à Lille, ne l'empêche pas d'accepter des concerts et de faire des démonstrations d'escrime.  Il écrit même un opéra, Guillaume-Tout-Coeur ou les Amis de village.  Le livret est de Monnet, un acteur lillois.  Il crée cet opéra 8 septembre 1790. 
Les liens de Saint-Georges avec L’Ancien Régime faisaient maintenant de lui un suspect, c’est pourquoi sur certains documents d’archives que l’on a découverts, il signe simplement George.

29 Concerto pour clarinette
      Se référant à L’Almanach Musical, Pierre Bardin mentionne que Saint-Georges composa un concerto pour clarinette qui fut joué pour la première fois par le célèbre clarinettiste Antonio Soler et Le Concert Spirituel au Château des Tuileries le 25 mars 1762. Et P. Bardin ajoute :

« Ainsi ce concerto précède celui de Mozart. Fait assez exceptionnel pour l’époque où l’on ne jouait une œuvre qu’une fois, ce concerto fit partie du répertoire du Concert Spirituel et fut joué quatre fois de mars à avril, puis repris le 2 février et le 15 avril 1783, joué par ce même Soler, le soliste de la Loge Olympique. »

30 « La chevalière d'Eon »
      Homme de lettres, juriste, diplomate, écrivain érudit, capitaine de dragons et héros de « La Guerre de Sept Ans », la vie de d'Eon a inspiré de nombreux auteurs.  C'est un personnage aussi éclectique que Saint-Georges pouvait l'être mais dans des domaines différents, l'escrime étant toutefois l'un de leurs centres d'intérêt communs.
Dans ses jeunes années, d'Eon est beau comme une fille  avec un corps aussi tonique qu'un danseur de l'Opéra.
Le Roi Louis XV a l'idée incongrue de confier à d'Eon la mission d'approcher la tsarine Elisabeth Prétrovna revêtu de vêtements féminins pour signer un traité d'alliance.
Envoyé ensuite comme ambassadeur à Londres, il tombe bientôt en disgrâce et reste en Angleterre où il vit de façon précaire.
Il aurait accepté de porter définitivement des vêtements de femme à condition que sa pension lui soit restituée afin notamment d'apaiser les inquiétudes de George III, en proie à une jalousie morbide.  Le Roi d'Angleterre est convaincu que son épouse, la princesse Sophie-Charlotte de Mecklembourg-Strélitz, voit d'Eon en secret.  C'est du moins une explication, parmi d'autres, avancée  par les historiens. 

Opposer deux escrimeurs talentueux, un « Américain des îles », au Chevalier d'Eon, devenu « Chevalière », apparaît comme un spectacle tout à fait original. D'Eon a 59 ans lors de cette rencontre le 9 avril 1787.  Saint-Georges, quant à lui, n'a que 42 ans. 

Le score de l’assaut d’armes qu’ils disputèrent est source de controverses. Gabriel Banat écrit (page 297 de son livre) que Saint-Georges ne fut touché qu’une fois par son adversaire et c’est Saint-Georges qui remporta l’assaut.

On peut toutefois penser que cet assaut ne fut qu’une démonstration courtoise d’escrime en présence du Prince du Galles et que Saint-Georges fut complaisant en s'opposant à un partenaire en robe. 

On peut rappeler aussi que Saint-Georges n'est déjà plus en possession de ses moyens physiques.  Antoine La Boëssière nous apprend qu'à l'âge de quarante ans, il a le malheur de se rompre le tendon d'Achille du pied gauche.  Cependant, il a toujours une bonne main pour parer et riposter.  En dépit de son âge, d'Eon, escrimeur tout aussi exceptionnel que Saint-Georges, n'a jamais arrêté de s'entraîner.  C'est toujours un escrimeur efficace si l'assaut ne se prolonge pas au-delà de quelques touches.

31 L'influence de Voltaire
     Quatre mois après cet assaut d'armes à Londres, Saint-Georges crée La Fille Garcon à la « Comédie-Italienne ».  Une fois de plus, la plupart des journaux encensent la musique de Saint-Georges et non le livret écrit par Antoine Eve dit Desmaillot. 

Le baron Melchior, influencé par les idées racistes de Voltaire met en doute le talent novateur du Chevalier. S'il estime que Saint-Georges joue fort bien du violon, en revanche il ose dire qu'il n'a pas un esprit créatif et il ajoute cyniquement  « qu'il serait contraire à la nature qu'il le fût. » Et il ajoute : « Cette pièce est mieux écrite qu'aucune autre de Monsieur de Saint-George.  Et néanmoins elle apparaît également dépourvue d'invention.  Ceci rappelle une observation que rien n'a encore démenti, c'est que si la nature a servi d'une manière particulière les mulâtres en leur donnant une aptitude merveilleuse à exercer tous les arts d'imitation, elle semble cependant leur avoir refusé cet élan du sentiment et du génie qui produit seul des idées neuves et des conceptions originales.
Claude Ribbe fait remarquer que ce terme « mulâtre » est péjoratif et offensant au XVIIIe siécle tout comme il peut l'être de nos jours.

32 « Les Symphonies Parisiennes »
    
Saint-Georges et le « Concert de la Loge Olympique » jouent pour la première fois les « Six Symphonies Parisiennes», nos 82-87 de Haydn au cours d'une série triomphale de concerts en 1787.  La Symphonie no 85 s'appelle « La Symphonie de la Reine » parce que c'est la symphonie que préfère Marie-Antoinette.

33 « Les Amis des Noirs »
    
Les voyages de Saint-Georges à Londres lui permettent d'être introduit dans les cercles qui militent contre l'esclavage.  Il contribue à la création de la  « Société des Amis des Noirs ».  
Le 9 août 1789 il met en scène un spectacle musical pour enfants appelé « Aline et Dupré ou Le Marchand de Marrons ».   Il le joue pour la première fois le 9 août 1788. 
Un soir, en janvier 1790, par une nuit sans lune, alors qu'il se rend seul à pied à une salle de concert à Londres, son étui de violon sous le bras, un homme le menace d'un pistolet et d'un bâton dans l'intention de le voler.  Il se bat contre le voleur mais voit surgir alors quatre autres agresseurs qu'il parvient seul à mettre en fuite.

34 La Révolution Française
    Saint-Georges vit à Lille quand éclate la Révolution en juillet 1789.  Il s'engage dans la Garde Civile un peu plus tard de cette même année.  Il obtient le grade de capitaine en 1790.  Le fait d'être militaire, en garnison à Lille, ne l'empêche pas d'accepter des concerts et de faire des démonstrations d'escrime.  Il écrit même un opéra, « Guillaume-Tout-Coeur ou les Amis de village » (William-All-Heart or the Village Friends)  Le livret est de Monnet, un acteur lillois.  Il crée cet opéra 8 septembre 1790.
Les liens de Saint-Georges avec L’Ancien Régime font maintenant de lui un suspect, ce qui explique que sur certains documents d’archives que l’on a découverts, il signe désormais simplement George.

35 La Légion Saint-George
     Officier de la Garde nationale, Saint-Georges devient l'aide de camp des généraux François de Houx, commandant de Lille et du général François Miaczynski.  Le 1er septembre 1791, une délégation d'hommes de couleur, conduite par Julien Raimond de Saint-Domingue, demande à l'Assemblée Nationale de leur permettre de combattre pour défendre la Révolution et ses idéaux d'égalité.  Le jour suivant, l'Assemblée approuve la formation d'un corps de troupe, composé essentiellement d'hommes de couleur avec 800 hommes d'infanterie et 200 cavaliers.  Saint-Georges en devient le chef de brigade avec le grade de colonel.  L'appellation officielle de cette brigade est « Légion Franche de Cavalerie des Américains et du Midy » mais bien vite elle est connue de tous sous le nom de « Légion Saint-George ». 

L'un des chefs d'escadron de cette compagnie allait s'illustrer plus tard dans les armées de la Révolution.  Il s'appelle Alexandre Dumas. Son fils, le célèbre romancier et l'auteur des Trois Mousquetaires portera le même nom que son père.  Le général Dumas est né à Jérémie, à la pointe ouest de l'île de Saint-Domingue et tout comme Saint-Georges, il est le fruit des amours d'une esclave noire, Céssette Dumas, et d'un noble ruiné, le marquis Davy de la Pailleterie, propriétaire d'une modeste plantation.

36 Le 13e Régiment de Chasseurs
    Les Autrichiens assiégent Lille et les hommes de Saint-Georges sont parmi les premiers à combattre.  Contrairement à ce que l'on peut parfois lire, Saint-Georges ne craint pas de monter au feu et de se porter à la tête de ses troupes alors que son grade de chef de brigade peut lui éviter de prendre des risques.  Les Autrichiens sont finalement repoussés et Saint-Georges rend fièrement compte à la Convention de sa victoire.  Bientôt toutefois, les responsables du Ministère de la Guerre décident de retirer les hommes de couleur de la Légion pour les envoyer dans les colonies afin de réprimer les insurrections.  Cette brigade prend alors le nom de
« 13e Régiment de Chasseurs ».
  Des détracteurs de Saint-Georges, y compris Alexandre Dumas, tentent de dénigrer Saint-Georges.  Ils avancent que la troupe est démoralisée et a des problèmes d'intendance, notamment en de matière nourriture et d'équipement.

37 La trahison de Dumouriez
     Saint-Georges a joué un rôle crucial pour déjouer la trahison de Dumouriez à Lille en avril 1793.  Le général Charles François Dumouriez, vaincu à Neerwinden en Belgique en mars, a entamé des négociations  secrètes avec l'Autriche pour marcher sur Paris.  Il entend proclamer le dauphin, Roi de France sous le nom de Louis XVII.  L'armée de Dumouriez s'installe à Maulde à 30 km de Lille.  Miaczinski est envoyé avec 4000 hommes pour établir une base à Orchies au sud-est de Lille.  Le but est de s'emparer de Lille, Douai et Péronne avant de se diriger vers Paris et de rétablir le pouvoir monarchique.  Dumas et Saint-Georges au courant de la conjuration envoient un émissaire pour avertir le commandant de la place de Lille de l'arrivée de Miaczinski qui arrive à Lille avec une escorte réduite.  Celui-ci est arrêté de son arrivée, conduit à Paris et exécuté le 22 mai 1793.  Quant à Dumouriez, il se réfugie à l'étranger.  La République est sauvée. 

38 Prisonnier
    Saint-Georges apparaît alors comme un héros mais pas pour longtemps.  Ses liens avec l'aristocratie et son amitié pour le duc d’Orléans, font de lui un suspect. Plusieurs biographes présument qu’Alexandre Dumas ne serait pas étranger aux accusations iniques de malversations qui lui valurent d’être arrêté le 4 novembre 1793 et incarcéré. Fort heureusement, après la chute de Robespierre, le Comité de Salut Public reconnaît qu’il a été destitué injustement. Saint-Georges espère reprendre son commandement mais n'y parvenant pas, on avance qu’il partit pour Saint-Domingue.

39 Saint-Domingue

Louise Fusil, partenaire artistique de Saint-Georges, évoque dans ses « Souvenirs d’une actrice », ouvrage publié en 1841, sa joie de retrouver Saint-Georges et son ami Lamothe après une longue absence.

Elle les accueille par une vocalise improvisée:

« A la fin, vous voilà! Je vous croyais pendus.
Depuis bientôt deux ans, qu'êtes-vous devenus? »

Et elle ajoute :

« Non, je ne vous croyais pas précisément pendus mais bien morts, et je vous ai pris pour des revenants. »

Et Saint-Georges de lui répondre :
- Nous le sommes, en effet, car nous revenons de loin.

Nous n’en saurons pas davantage. Louis Fusil n’apporte pas d’autres précisions et ne mentionne pas que cette absence soit due au séjour des deux amis sous les cieux de Saint-Domingue. C’est toutefois à partir de ce témoignage que G. Banat pense qu’il est très probable que Saint-Georges a séjourné à Saint-Domingue au moment de l’insurrection des esclaves menée par Toussaint-Louverture.
En revanche, il est peu probable qu’il ait fait partie de la délégation des commissaires civils envoyés à Saint-Domingue avec, à leur tête, Léger-Félicité Sonthonax, l’ami de Brissot, le fondateur de La Société des Amis des Noirs.

On n’a trouvé nulle trace de Saint-Georges dans la presse de l’époque ou dans les archives des manifestes de navires en partance des ports français pour Saint-Domingue ou effectuant des traversées de retour en France.

En l’absence de preuves pour corroborer cette hypothèse, Pierre Bardin écrit  notamment :

« On prétend qu’après sa mise à l’écart, Saint-George serait parti à Saint-Domingue, combattre aux côtés de Toussaint-Louverture. Ceci paraît pour le moins fantaisiste et ne repose sur aucun document officiel. Soyons réalistes. Comment imaginer qu’un homme aussi célèbre aurait pu partir incognito ?
Et il ajoute : « Louise Fusil dont la sincérité n’est pas mise en doute, semble mélanger rumeurs et faits réels, ne serait-ce que par l’inquiétude qu’elle avait ressentie sur le manque de nouvelles d’être qui lui étaient chers. »

40 Le Cercle de l'Harmonie
    
Durant le printemps 1797, Saint-Georges revient à Paris et dirige un nouvel orchestre « Le Cercle de l'Harmonie » qui s'établit dans les anciens appartements du duc d'Orléans au Palais-Royal.

Vincent Podevin-Baudin et Laure Tressens, lors d’une exposition consacrée au Chevalier de Saint-Georges par les responsables des « Archives Départementales de la Guadeloupe » ont publié un livre, intitulé Le Fleuret et l'Archet avec pour sous-titre Le Chevalier de Saint-George, Créole dans le Siècle des Lumières, citent un article paru sur « Le Mercure », en date du mois d'avril 1797 selon lequel « les concerts qui ont déjà eu lieu sous la direction du fameux Saint-George, n'ont rien laissé à désirer pour le choix des morceaux et la supériorité de l'exécution. »

41 Anne Nanon retrouvée!
Le 12 février 2015 Pierre Bardin – éminent biographe du chevalier de Saint-George/s - a fait une communication sensationnelle sur le site :

Généologie et Histoire de la Caraïbe – www.ghcaraibe.org/articles/2015-art01.pdf

Nous vous en proposons ici un compte-rendu parcellaire en vous recommandant de consulter le lien ci-dessus pour une plus ample connaissance des documents que Pierre Bardin a exhumés des archives notariales et de l’état civil sur Anne Nanon, la mère du Chevalier.

* * * *
« De tous ceux qui vécurent à ses côtés, une seule personne, ô combien importante, m’échappait : sa mère Anne Nanon, née sur l’île de la Guadeloupe. Ce n’était pourtant pas faute de l’avoir cherchée. Aujourd’hui, cette lacune peut enfin être comblée. »

C’est par ce préambule que P. Bardin nous conte le cheminement de ses passionnantes recherches. Il a retrouvé l’ultime trace de la mère du chevalier de Saint-George.

Le décès d’Anne Nanon se situe dans un période difficile de la vie du Chevalier. Arrêté le 26 octobre 1793 et envoyé en détention au château d’Hondainville, près de Clermont sur Oise, il ne sera libéré que le 23 octobre 1794 et tente vainement de reprendre le commandement de son régiment.

« Sans doute las de tous ces revirements, fatigué par sa maladie (ulcère ou cancer de la vessie), à tout le moins désappointé, sinon amer, il va reprendre l’archet. En peu de temps ceux qui le connaissaient diront qu’il n’avait jamais aussi bien joué », écrit Pierre Bardin.

C’est dans ces circonstances que survient la mort de Nanon le 16 décembre 1795. Lorsque Saint-Georges se rend chez le notaire le 29 mars 1796 pour clore la succession de sa mère, Nanon est morte depuis quatre mois. L’acte notarié nous apprend qu’il est le seul et unique héritier de la défunte, ce qui n’est pas surprenant, mais chose déconcertante, sa mère a changé de patronyme. Il n’est plus question désormais d’Anne Nanon mais de la citoyenne Anne Dannevau.

Nous apprenons aussi que Nicolas Benjamin La Böessière, celui qui fut le maître d’armes et le père spirituel du Chevalier, a reçu procuration pour régler la succession.

Bien avant sa mort, Nanon a fait établir cet acte notarié testamentaire en date du 18 juin 1778, signé Anne Danneveau « elle donne et lègue à M. de Bologne St- George, demeurant à Paris rue Saint Pierre, tous les biens, meubles et immeubles qui se trouveront lui appartenir au jour de son décès ».

Selon Pierre Bardin, la rédaction de ce testament montre une volonté délibérée de Nanon, par amour maternel, de se priver de sa véritable identité pour faire oublier la filiation africaine du Chevalier.

Après son mort, les voisins de Nanon rétabliront son identité comme le prouve l’acte de décès en date du 16 décembre 1795 que Pierre Bardin a retrouvé.

L’un de ses voisins, le citoyen Jean Dieudonné Descoings, déclare au juge de paix que « ce jourd’hui à onze heures du matin est décédée la Citoyenne Nannon, âgée d’environ soixante ans, demeurant en sa dite maison au quatrième étage sur le devant… La dite défunte était seule et sans aucun héritier présent… »

Le juge de paix se rend immédiatement à l’adresse indiquée, monte au quatrième étage et pénètre « dans une chambre éclairée grâce à deux croisées donnant sur la rue des Boucheries » où il aperçu sera porté quatre ans plus tard.

Pierre Bardin termine sur une remarque de son épouse » dont « le soutien ne lui a jamais fait défaut » et qui voyant sa perplexité en découvrant ce document lui a dit : « C’est ton nom qui lui a fermé les yeux de Nanon, c’est ton nom qui lui a redonné la lumière. »

42 La mort du Chevalier
Saint-Georges meurt à Paris le 10 juin 1799 d’une infection de la vessie. Là encore, contrairement à ce qui a pu être écrit, sa mort est honorée dignement. Une annonce nécrologique, parue sur Le Journal de Paris en date du 14 juin 1799 encense le Chevalier pour « son urbanité, la douceur de ses mœurs et la bonté de son âme… », rappelant  les mérites qui furent les siens comme escrimeur, son excellence dans tous les « exercices du corps » et ses talents de violoniste virtuose, de directeur d’orchestre et de compositeur.
Dans son ouvrage biographique, intitulé
The Chevalier de Saint-Georges: Virtuoso of the Sword and the Bow, publié en juin 2006, Gabriel Banat a produit le document officiel du décès de Saint-Georges en date du 12 juin 1799 (page 484), mentionnant que c'est Nicolas Duhamel, l'un de ses amis et compagnons d'armes qui a servi sous les ordres du Colonel Saint-Georges, qui a recueilli chez lui le Chevalier et l'a assisté durant sa maladie jusqu'à son décès, survenu le 10 juin 1799. De plus, G. Banat présente à la page 520 un fac-similé de cet acte de décès.

43 L'exhumation
En janvier 2009, après la publication de sa biographie, P. Bardin a fait une communication inédite sur le blog de Jean-Claude Halley, Président de L’Association des Amis de Joseph Bologne, Chevalier de Saint-Georges [http://halleyjc.blog.lemonde.fr] après avoir découvert un rapport qui atteste de l’admiration que les professionnels des armes vouaient au Chevalier de Saint-Georges. Ce document confirme que cet éclatant Chevalier n’est pas mort abandonné de tous et oublié. Cette découverte permet aussi d’apprendre que Saint George fut inhumé au « Temple de la Liberté et de l’Egalité » appelée auparavant l’église Sainte Marguerite, débaptisée comme nombre d’églises sous la Révolution.
Il nous apprend que le 10 juin 1799, le commissaire de police de la Section de Montreuil reçoit quatre personnages à la mise soignée : deux maîtres d’armes, Jean-Pierre Gomard et Philibert Menissier fils, le chef d’escadron Charles François Talmet, et le citoyen Pierre Nicolas Beaugrand, ancien chef de bureau à l’Assemblée Nationale. Ils viennent tous quatre déposer une requête après le décès du citoyen Joseph Bologne dit Saint George, chef de brigade du treizième régiment de chasseurs à cheval, dont le corps a été mis en bière et porté en ce jour au Temple de la Liberté et de l’Egalité, situé au huitième arrondissement :
« Comme les déclarants ont connu parfaitement le défunt, qu’ils étaient étroitement liés d’amitié avec lui, désirent exhumer le corps du dit défunt pour le mettre dans un cercueil de plomb. Ils se sont donc présentés devant nous à l’effet de pouvoir parvenir à remplir l’exécution de leurs sentiments, si toutefois rien n’est contraire au principe des lois, affirmant le tout pour être sincère et véritable et ont signé avec nous après lecture
faite. »

44 Les annonces nécrologiques
Claude Ribbe mentionne également que des avis de décès sont insérés dans les journaux de l'époque et célèbrent le défunt avec respect et émotion.
Il précise aussi qu'un éditeur de musique a publié des partitions posthumes du Chevalier, un concerto pour violon et une série de sonates.
Luc Nemeth fait état d'une brève qui paraît dans
Le Journal de Paris le 14 juin 1799 pour signaler le décès de Saint-Georges mais qui souligne davantage ses mérites dans les « exercices du
corps » - c'est ainsi que l'on appelait alors les disciplines sportives, les armes, la danse et l'équitation - que ses talents de violoniste et de compositeur. «
C'est que déjà », estime Luc Nemeth, « le célèbre mulâtre incarnait, aux yeux de son époque, un passé éloigné. »


45 L'esclavage
    
La Convention abolit l'esclavage dans les colonies françaises en février 1794.  L'idéal d'égalité pour lequel Saint-Georges et ses volontaires de couleur ont combattu si bravement est bientôt ignoré.  Napoléon Bonaparte envoie des troupes à la Guadeloupe et à Saint-Domingue avec pour mission le rétablissement de l'esclavage. 
Sous la conduite de Louis Delgrès, tous ceux qui se considéraient désormais comme des Guadeloupéens libres se révoltent mais le 28 mai 1802 ils sont battus par les troupes du général Antoine Richepance. 
Plutôt que de vivre à nouveau dans les fers de l'esclavage, des centaines d'insurgés se donnent la mort.
Louis Delgrès, officier noir, colonel des armées de la Révolution, refuse de se soumettre.  Après avoir résisté au fort Saint-Charles, il gagne la montagne avec trois cents hommes.  Quand les troupes de Richepance l'encerclent plutôt que de se rendre, il met le feu aux barils de poudre qu'il détient.  Il meurt avec ses hommes dans l'explosion mais provoque aussi la mort d'un grand nombre de soldats de Richepance.
L'abolition définitive de l'esclavage ne sera effective qu'en 1848.  La tentative de reconquête de Saint-Domingue entraîne la mort de milliers d'insurgés et de soldats commandés par Leclerc, le beau frère de Napoléon.  Les gens de couleur qui vivent en France souffrent alors de discrimination.  Le 29 mai 1802, un décret officieux met à l'écart tous les officiers de couleur de l'armée, mettant un terme à la brillante carrière du général Alexandre Dumas.

46 Le Verdict de l'Histoire
    
Le Professeur Ribbe déplore que « les manuels d'histoire disent bien peu de choses du chevalier de Saint-George ou du million d'esclaves déportés aux Antilles françaises, que Voltaire soit honoré comme le plus brillant des humanistes et Napoléon, comme le plus glorieux des hommes d'état. »

47 Rue du Chevalier Saint-George
   
Pendant de nombreuses années, Paris comptait une rue portant le nom de rue Richepance. En 2001, la ville de Paris a décidé de rebaptiser cette rue pour en faire la rue Saint-George, à la demande des citoyens français, originaires des Antilles. La première plaque commémorative apposée dans cette rue mentionnait que Saint-George avait été « Colonel de la Garde
Nationale ». L’historien Luc Nemeth a écrit a ce sujet : « On ne pouvait pas mieux mentir par omission plus de deux siècles après que le décret de décembre 1792 eut privé le régiment de son identité, à savoir « La Légion Noire ». Cette première plaque mentionnait aussi 1739 comme étant la date de naissance du Chevalier, alors que pour les historiens et les biographes faisant autorité, la date exacte est 1745. Gabriel Banat, auteur d’une biographie, intitulée The Chevalier de Saint-Georges: Virtuoso of the Sword and the Bow (2006), qui est la référence biographique en anglais, a entrepris de patientes démarches pour que les plaques de cette rue soient changées. Le 25 mars 2010, le cabinet du Maire de Paris l’a informé de ces changements.
Monsieur,
Vous avez appelé mon attention sur les plaques signalétiques de la rue du Chevalier de Saint-George, souhaitant que le texte soit modifié. Vous voudrez bien trouver ci-joint la photo des nouvelles plaques qui seront prochainement apposées. Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes meilleurs sentiments.
Philippe LAMY
Les nouvelles plaques identifient, cette rue comme étant la « Rue du Chevalier Saint-George » et donnent comme dates « 1745–1799 ». Elles mentionnent qu’il fut « Colonel de la Légion des Américains et du Midi », légion composée en majorité de volontaires noirs que Saint-George commanda.

48 Documentaire : « Le Mozart Noir »
   
Le chaîne de télévision TV5 au Québec a, le 10 avril 2003, présenté un documentaire de 52 minutes intitulé Le Mozart Noir: Rétablir une Légende.
L'acteur Kendall Knights incarne Saint-Georges au cours de scènes dramatiques entrecoupées de commentaires historiques et d'extraits de ses œuvres musicales exécutées par l'Orchestre Baroque Tafelmusik, dirigé par Jeanne Lamon.  Ce documentaire a été diffusé dans un grand nombre de pays.  Site Web : 
www.lemozartnoir.com 

49 L'Association des Amis de Joseph Bologne, chevalier de Saint-Georges
      Le siège de L’Association des Amis de Joseph Bologne, chevalier de Saint-Georges, présidée par Jean-Claude Halley est en Guadeloupe. 
E-mail : 
halleyjc@wanadoo.fr 

50 Les Partitions
Les partitions du chevalier de Saint-Georges sont disponibles à :  www.artaria.com et http://www.omifacsimiles.com/cats/minkoff.html

51 Bibliographie

Archives Départementales de la Guadeloupe.  Le Fleuret et l'Archet : Le Chevalier de Saint-George, Créole dans le Siècle des Lumières, Bisdary - Gourbeyre, 2001.

Banat, Gabriel.  Le Chevalier de Saint-George: Virtuoso of the Sword and the Bow, Pendragon Press, 2006.

Bardin, Pierre.  Joseph de Saint-George, le Chevalier Noir.  France : Guénégaud, 2006.

Everyman’s Dictionary of Music, compilation de Eric Bloom, revise par Jack Westrup, Professeur de Musique, Oxford University. New York: New American Library, 1971.

Guédé, Alain.  Monsieur de Saint-George : Le nègre des LumièresArles, Actes Sud, 1999.

Harvard Biographical Dictionay of Music, publié par Don Michael Randel, Cambridge, Massachussetts & Londres, Angleterre : Belknap Press of Harvard University Press, 1996.

Marciano, Daniel.  Le chevalier de Saint-George, le fils de Noémie.  France : Thespis, 2005.

Microsoft Encarta Africana Encyclopedia, sur CD-ROM et dans un livre publié par Basic Civitas Books.  Kwame Anthony Appiah et Henry Louis Gates, Jr., Redacteurs.

Nemeth, Luc.  Un État-Civil Chargé D'Enjeux : Saint-George, 1745-1799.  Annales historiques de la Révolution française, 2005, N° 1.

Ribbe, Claude.  Le chevalier de Saint-George.  France : Perrin, 2004.

Smidak, Emil F.  Joseph Boulogne nommé Chevalier de Saint-George.  Lucerne : Avenira 1996.


52 Un contemporain atypique de
Mozart : Le Chevalier de Saint-George
;
Michelle Garnier-Panafieu ; YP Éditions (2011)

Saint-George, compositeur : l’excellence de sa musique instrumentale qui privilégie le violon

Rhétorique et composition

Son style se fonde sur des procédés rhétoriques qui, relevant de l’imitation de la nature prônée au XVIIIe siècle par les philosophes (de Du Bos à Chabanon) et les théoriciens de la musique (de Brijon à Cambini), font référence au Chant comme élément essentiel de l’écriture. Au modèle vocal et à ces procédés (répétition, périodicité, alternance, contraste, variété) utilisés pour structurer le discours et exprimer les passions s’ajoutent des influences françaises (art chorégraphique, style sentimental et romance), italiennes (virtuosité violonistique) et allemandes (Ecole de Mannheim, Sturm und Drang).
 

L’apanage des concerts privés : quatuors à cordes et sonates

Il fit ses armes de compositeur dans le genre novateur du quatuor à cordes dont il fut l’un des principaux protagonistes (dix-huit en trois opus : Œuvre I en 1773, 2e Livre en 1778, Œuvre 14 en 1785). En deux mouvements (du type AllegroRondeau ou Aria con variazione) caractérisés par une thématique souple, gracieuse, souvent teintée de mélancolie et par des Rondeaux pleins de vivacité (où alternent modes majeur et mineur), ils illustrent le quatuor concertant où abondent les Soli.

Orfèvre dans sa musique de chambre élégante et raffinée (citons ses Sonates Pour Le Clavecin ou Forté Piano avec Accompagnement de Violon Obligé, de style galant, 1781, et ses brillantes Sonates pour le Violon deux violons 1799), il exprima magnifiquement la spécificité de son style dans ses œuvres orchestrales.
 

A la conquête du concert public : symphonies concertantes, symphonies, concertos pour violon

S’il fut l’un des meilleurs représentants de la symphonie concertante, genre typiquement français (huit entre 1775 et 1782 : deux Œuvre VI, deux Œuvre IX, deux Œuvre X, une Œuvre XII, une Œuvre XIII, destinées à deux violons principaux auxquels s’adjoint un alto dans l’Œuvre X et majoritairement en deux mouvements Allegro – Rondeau d’allure vaudevillesque), il contribua aussi à l’épanouissement de la symphonie (deux Œuvre XI, la seconde étant l’ouverture de L’Amant anonyme).

Mais ce sont ses quatorze concertos « à violon principal », composés pour son propre usage et publiés entre 1773 et 1778 (citons les Œuvres II, III, IV, V, VII, VIII) sauf le dernier, posthume, en 1799, qui témoignent le mieux de sa technique hardie et pleine d’éclat (batteries, grands écarts mélodiques, contrastes de registres). Instrumentés pour cordes et vents (deux flûtes, deux hautbois et deux cors ad libitum), ils adoptent le plan vivaldien (Allegro alternent Tutti et Soli, Adagio ou Largo expressif et influencé par l’écriture lyrique, Rondeau).

 

Théâtre lyrique et musique vocale : un domaine peu exploré 
 

Si ses comédies à ariettes sont mal connues (sauf pour L’Amant anonyme, on n’en possède pas de partition complète), ses airs et romances jouirent d’une grande vogue dans les salons comme celui de Madame de Chambonas. Une Chanson de l’opéra de M. de St.-George  (« Soir et matin sur la fougère », extraite de La Chasse) figure dans un recueil de Grénier, maître de harpe de Marie-Antoinette, vers 1783 (p. 31-33 et Documents Nos 4 à 6b).

Son Œuvre musical relève encore du domaine de la Recherche. Il fut bien l’un des meilleurs représentants de l’esthétique concertante des Lumières et l’un des maillons essentiels de la chaîne musicale qui, de Rameau à Berlioz, assura la transition du Baroque au Romantisme.

Professeur Michelle Garnier-Panafieu

Musicologue, Université Rennes II



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Cette page a été mise à jour le 01/01/16