Pages des CD et Gian Faldoni :
Daniel Marciano, Traducteur
William J. Zick, Webmestre
« De L'Epée à La Scène »
« Violin Concertos by Black Composers of the 18th and 19th
Centuries »
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rival du chevalier de Saint-Georges
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de Daniel Marciano : Daniel Marciano a enseigné le français en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis avant d'obtenir un poste à l'Université de Franche-Comté à Besançon (France), ville située près de la frontière Suisse. Parallèlement, il a écrit pour la scène. Daniel Marciano est ce qu'on appelait autrefois avec déférence un « amateur éclairé ». Il a écrit et mis en scène de nombreux spectacles duellistes. Il a fait partie du jury lors des championnats du monde d'escrime artistique et théâtrale en 2004 aux Sables d'Olonne, France. L'Académie d'Armes de France a décerné à Me Robert Heddle-Roboth le titre d'expert d'honneur d'escrime artistique et théâtrale, Le célèbre Mime Marcel Marceau, a dit de lui : « C'est à lui seul les Trois Mousquetaires ! » Lui et Daniel Marciano sont les auteurs d'un livre intitulé De L'Epée à la Scène (From the Sword to the Stage) préfacé par Marcel Marceau, ancien élève de Me Heddle-Roboth. Publié par Thespis en 2005, il a 281 pages et 140 illustrations dont 6 pages en quadrichromie. Ce livre présente les aspects essentiels de l'histoire de l'escrime et du duel en faisant de nombreuses références à des textes de théâtre. En fin d'ouvrage, les auteurs présentent des adaptations de scènes duellistes, extraites d'œuvres littéraires célèbres ainsi que des scènes de leur composition. Ils vous invitent à joindre le geste à la parole en vous disant : « A vous de jouer ! » Cette section inclut, en particulier, un large extrait d'un spectacle de théâtre sur Le chevalier de Saint-Georges, adapte du roman de Daniel Marciano. L'intérêt de Daniel Marciano pour le chevalier de Saint-Georges remonte à 1976 quand « L'Académie d'Armes de France » lui a demandé d'écrire un article sur cet éclatant Chevalier pour sa revue trimestrielle. On sait que Joseph Bologne Saint-Georges est « revendiqué » à la fois par les musiciens, les mélomanes et les escrimeurs. Antoine La Boëssière, son ami d'enfance et fils de son maître d'armes, le consideré comme « l'homme le plus prodigieux qu'on ait vu dans les armes ». Dans ses Réflexions sur la Vérité dans l'Art, essai qui tient lieu de préface à Cinq Mars, roman de fiction historique, Alfred de Vigny, poète, dramaturge et romancier français du XIX siècle, écrit notamment :
Convaincu par cette profession de foi, plutôt que d'écrire une nouvelle biographie sur Saint-Georges, D. Marciano a jugé préféré magnifier la saga du Chevalier en écrivant un roman de fiction historique, sans toutefois perdre de vue son œuvre musicale et les grandes lignes de sa vie sur lesquelles on peut valablement se fonder. Il a publié ce récit en 2005 et fera probablement une version anglaise d'elle. Ce livre a été nominé en vue de l'attribution du Grand Prix Littéraire "Fetkann" de la Caraïbe, catégorie "Mémoire". Il a également écrit un texte de théâtre sur Saint-Georges qui inclut des séquences de chant, de musique et d'escrime, texte qui a été adapté en anglais.
par Daniel Marciano Dans ses
ouvrages, Angelo's Pic Nic ou Reminiscences, Henry Angelo,
maître d'armes italien installé à Londres, a parlé avec
enthousiasme du Chevalier de Saint-Georges qu'il considère
comme « Le Dieu des Armes ». Il consacre aussi un long
développement à Gian Faldoni qui, selon lui, fut le plus
remarquable fleurettiste que Saint-Georges ait rencontré sur
une piste d'escrime.
Gian naquit à Livourne le 6 janvier 1739. Il était donc
plus âge que Saint-Georges, né le 25 décembre 1745, selon
Antoine La Boëssière.
Il se préparait à le toucher au cou, lorsque deux officiers, « à leur grande honte », ajoute le maître Angelo, l'en empêchèrent en les séparant. En 1763, Faldoni se rendit à Rome en compagnie d'un escrimeur français en renom, M. Delliser. Il fit assaut contre le Major Ruggero de Roco Picolomini, excellent escrimeur italien, attaché au service du Roi de Pologne. Ils disputèrent quatre assauts et chaque fois Faldoni prit le meilleur sur son adversaire. Le Major écrivit alors à Andrea Faldoni en ces termes :
En 1764, Monsieur Delliser invita Giuseppe en France afin qu'il y rencontrât un maître de Marseille. Delliser avait parié 100 louis d'or que Faldoni le battrait dans un assaut disputé en six touches. Faldoni permit aisément à Delliser de gagner son pari et se rendit ensuite à Lyon où il s'associa au maître Simon qui avait une salle prospère. Le maître lyonnais accueillit son talentueux collègue italien avec empressement. Bien vite, tous les maîtres français furent d'avis que Saint-Georges était le seul capable de lui donner une valable réplique. Selon Angelo, un certain Lewis Delavoiner, professeur de chimie, qui avait rencontré Saint-Georges à Livourne, présenta le Chevalier à Faldoni. (Angelo a du mal à restituer convenablement noms propres et noms geographiques étrangers et nous pouvons penser que ce nom de Delavoiner fait référence au célèbre chimiste, Antoine de Lavoisier - 1734-1794.) Bref, le Chevalier déclina poliment ce défi, confiant à ses proches qu'il ne souhaitait pas tirer contre un italien. Saint-Georges avait-il des idées préconçues sur l'Ecole Italienne d'Escrime ? Si tel était le cas, Angelo n'en souffle mot mais on peut penser que Saint-Georges ne devait pas apprécier le style des tireurs transalpins prônant peut-être davantage que les Français ce que l'on appelle aujourd'hui l'engagement physique.
Saint-Georges était avant tout un musicien, un virtuose du
violon qui s'essayait déjà à la composition musicale.
L'escrime n'était pour lui qu'un art d'agrément ou une
activité annexe. Il prenait plaisir aussi à s'adonner à
d'autres sports, appelés alors Pour lui, disputer un assaut de fleuret tenait du jeu d'échecs. C'était une conversation entre gens bien-pensants. Il considérait davantage un escrimeur qui lui faisait comme un partenaire plutôt qu'un adversaire. Il avait la réputation d'être courtois et modeste sur les pistes d'escrime. La Boëssière fils dit de lui qu'il savait être complaisant avec ses amis et veillait à ne jamais être violent. « Sa main était si légère et il la soutenait à une si belle hauteur qu'il n'a jamais blessé personne dans le temps où les masques n'étaient point en usage. » On peut comprendre le peu d'empressement de Saint-Georges à rencontrer Gian Faldoni et l'impatience de celui-ci à se mesurer au prodige de Texier La Boëssière. Saint-Georges n'ignorait pas que Faldoni était un fleurettiste parfaitement affûté, un escrimeur professionnel consacrant tout son temps à la pratique des armes. Les maîtres d'armes de Paris réussirent finalement à convaincre Saint-Georges qu'il importait d'affronter Faldoni et de l'empêcher de retourner en Italie avec une réputation d'invincibilité. Saint-Georges finit par se laisser convaincre et un assaut public fut prévu le 8 septembre 1766. Une foule d'aristocrates et de maîtres d'armes y assistèrent. Henry Angleo affirme que c'est l'Italien qui prit le meilleur sur son rival. Il cite avec la rigueur d'un acteur qui a appris ses lignes, une lettre que Faldoni aurait adressé à son père le lendemain de l'assaut. Michelo a-t-il montré ce document à Watson qui en aurait fait une copie pour la remettre à Angelo à son retour en Angleterre ? Est-ce un message oral transmis par Watson et recomposé sous forme de lettre ? Quoi qu'il en soit, voici ce qu'il rapporte :
Les biographes du chevalier de Saint-Georges font invariablement référence à ce « document » pour rapporter que Saint-Georges fut battu. Ils ne songent nullement à mettre en doute le récit d'Angelo. Or celui-ci est un habile conteur, soucieux surtout de plaire, l'exactitude historique n'est pas chez lui une préoccupation majeure et maintes erreurs le preuvent. Ainsi, sans vérifier ses sources - ce qui eût été relativement facile à l'époque - il a écrit que « M. de Bologne ne survécut pas longtemps après le triomphe de son fils sur Me Picard en 1766 » *(rappel). Or, on sait de source sûre, puisque les services des « Archives Départementales de La Guadeloupe » détiennent l'acte de décès de Georges de Bologne, que celui-ci est mort à Basse-Terre le 26 décembre 1774. Autre information fantaisiste, Henry Angelo mentionne dans ses Reminiscences que Saint-Georges serait mort « aux environs de 1810 ou 1811. Dans la préface de son traité d'armes, intitulé La Théorie de l'Escrime, A.J.J. Posselier, fils adoptif de Me Gomard, donne une version autre que celle d'Angelo. Relatant ce même assaut d'armes, il affirme que si Faldoni prit les deux premières touches, « il fut bel et bien battu ensuite ». Nous pouvons toutefois penser que Posselier, alias Gomard, n'est peut-être pas plus crédible qu'Angelo. En effet, de même qu'Angelo est inclin à encenser l'école italienne d'escrime dont il est un éminent représentant, Posselier fait montre d'un chauvinisme semblable. Ainsi, en dédiant son traité au Comte de Bondy, autre virtuose de fleuret, il n'hésite pas à comparer celui-ci au chevalier de Saint-Georges. « Comme par hasard », le Comte de Bondy est un élève de Me Gomard, son père adoptif. De plus, Posselier mentionne que le plus fort tireur à s'être présenté devant Saint-Georges ne fut pas Faldoni mais le Comte de Codrosi, autre redoutable escrimeur formé par Gomard Père ! Cette appréciation de Posselier ne correspond pas à celle de Gabriel Letainturier-Fradin, l'un des plus grands érudits des armes. Lui estime que le plus talentueux escrimeur à avoir fait assaut avec le chevalier de Saint-Georges fut Cavin de Saint-Laurent, célèbre aventurier de l'époque. Toutefois Posselier, pour revenir à lui, affirme que lors de l'assaut Cavin de Saint-Laurent-Saint-Georges, si Cavin toucha son adversaire sept fois, il reçut vingt-sept touches ! Qu'importe en fait que Faldoni ait placé une ou deux touches de plus ou de moins. Un champion de fleuret, aussi véloce soit-il, peut-il être irrésistible ? Si nous donnons tout de même crédit à la lettre de Gian Faldoni, cité par Angelo, le plus grand éloge que le rival de Saint-Georges tient à se décerner, c'est d'avoir porté la plus belle touche de cette rencontre par coup droit, action offensive la plus simple en escrime puisque cela consiste à allonger le bras et à se fendre. Pour surprendre un adversaire du niveau de Saint-Georges par un coup direct, c'est-à-dire une attaque non précédée d'un feinte ou d'une prise de fer, il fallait que l'action de Faldoni soit fulgurante. Si de nos jours la préoccupation quasi essentielle des compétiteurs sportifs en général et des escrimeurs en particulier c'est de gagner et de remporter des médailles - la fin justifiant malheuresement trop souvent les moyens - il faut préciser qu'à l'époque de Saint-Georges, disputer un assaut d'armes devant ses pairs était surtout une façon, parmi d'autres, de faire montre de panache, de finesse et d'adresse. La manière de toucher ou l'harmonie du geste est alors presque aussi désirable que la touche elle-même qui fait marquer le point. « Faire beau et fort », telle aurait pu être la devise d'escrimeurs comme Saint-Georges ou Faldoni. Toujours selon Angelo, après son assaut contre Saint-Georges, Gian Faldoni adressa un placet au Roi afin d'être autorisé à ouvrir une salle d'armes à son nom à Lyon et cette faveur lui fut accordée. Angelo nous raconte que les Lyonnais admiraient cet homme élégant, plume au chapeau, portant une canne-épée et se promenant à travers les rues de la ville. Faldoni avait fait la connaissance d'une charmante jeune fille nommée Marie Lortet, plus communément prénommée Thérèse, fille de Pierre Lortet dit Meunier, traiteur à Lyon. Mentionnons incidemment... que Henry Angelo avance que Pierre Lortet est chirurgien et Thérèse Lortet devient Theresa Mosnier, déformation probable de Meunier. Angelo rapporte aussi l'attentat dont Faldoni faillit être victime à Lyon. Deux hommes vêtus d'un uniforme lui rendirent visite à la salle d'armes et croisèrent le fer avec lui. Ils lui proposèrent ensuite de faire une promenade à la campagne avec eux et de prendre un rafraîchissement dans une auberge. Très courtoisement, Faldoni accepta leur invitation mais dès qu'ils parvinrent à l'auberge, les deux hommes le rudoyèrent en se moquant des Italiens. Faldoni comprit qu'il était tombé dans un guet-apens et les regardant droit dans les yeux, leur posa cette question :
Il répondirent par la négative.
Et en leur demandant de se lever, il les gifla tous deux. Il tira alors son épée et leur annonça qu'il allait croiser le fer à un contre deux. Ses agresseurs n'osèrent pas relever le défi tant la détermination du maître italien les avait glacés d'effroi. Gian Faldoni les obligea alors à lui dire qui était l'instigateur de cette machination et il apprit ainsi que ces deux tuers avaient été envoyés par ce maître marseillais qui, furieux d'avoir été humilié et d'avoir perdu son or, désirait se venger. Quelques années plus tard, Saint-Georges eut la tristesse d'apprendre la double fin tragique de Gian Faldoni et de Thérèse Lortet. Angelo raconte qu'en tentant de sauver l'un de ses anciens élèves, tombé dans le Rhône, Faldoni fut victime d'un accident vasculaire cérébral après être resté sous l'eau trop longtemps. Les registres paroissiaux d'Irigny (Rhône) ne mentionnent pas cet acte d'héroïsme. Ils parlent plus simplement d'un accident vasculaire à la suite d'un effort trop violent. Jean-Baptiste Hepdé, auteur d'un mélodrame en trois actes sur les amants d'Irigny intitulé Thérèse et Faldoni ou le délire de l'amour, pièce créée en 1809 au Théâtre des Célestins à Lyon et rejouée à Paris trois ans plus tard sous le nom de Célestine et Faldoni ou les amours de Lyon, drame historique precise dans sa préface que Faldoni, au cours d'un assaut, reçut un coup de fleuret à la gorge qui provoqua la rupture d'une artère. Cette précision n'est peut-être toutefois qu'un élément de fiction. Quoi qu'il en soit, le maître italien était un homme diminué et incapable d'exercer son métier. Il n'avait alors trente-deux ans. Thérèse était âgée de dix-neuf ans. Faldoni alla à Montpellier pour y consulter les médecins de la Faculté de Médecine. Il exigea de connaître la vérité sur son état et les médecins l'informèrent qu'il ne lui restait guère de temps à vivre. Il décida de mettre fin à ses jours et en informa Thérèse. Elle lui exprima spontanément son désir de mourir avec lui. Il essaya vainement de l'en dissuader. Il fut alors convenu qu'ils se retrouveraient dans la vieille chapelle de Selettes, située près d'un village appelé Irigny dans la proche campagne de Lyon. Gian Faldoni et Thérèse Lortet avaient conçu un dispositif à partir d'un cordon reliant les détentes de deux pistolets chargés. Ils moururent le dimanche 30 mai 1770, après ce mémorable assaut remporté, selon Angelo, par le virtuose italien, homme « exceptionnellement courageux, généreux et chaleureux ». Ce double suicide des amants émut tout le pays et ceux qui les avaient connus vinrent se recueillir et prier dans cette chapelle, lieu du drame. Voltaire, dans son Dictionnaire Philosophique, à la suite de l'article De Caton et du Suicide, fit mention de ce « suicide singulier ». En 1792, l'académicien Louis de Fontanes (1757-1821), célébra les amants en leur dédiant ces vers :
Dans un article consacré au chevalier de Saint-Georges, paru en janvier 1978 sur la revue de l'Académie d'Armes de France, Maître Pierre Lacaze écrit que « Saint-Georges fut honoré au XVIIIe siècle, oublié au XIXe siècle, redécouvert au XXe siècle... et que l'escrime doit à la musique d'avoir permis de faire passer à la postérité l'une des plus fines lames de son histoire. » Gian Faldoni, quant à lui, doit à la notoriété de Saint-Georges et au récit romancé d'Angelo d'être cité par tous les biographes du Chevalier comme le plus talenteux fleurettiste qui croisa le fer avec l'un des musiciens et compositeurs de musique les plus charismatiques de son temps, de surcroît « Dieu des Armes ». Dans sa Notice Historique sur Saint-Georges, Antoine La Boëssière exprime cette même idée en ces termes :
3 Rappel :
5 Note du Webmestre :
Cette page a été mise à jour le 01/01/16 |